FÉDÉRER LES TALENTS
Joan Miró, Personnages avec étoiles, 1933 © Successió
Sans Marie Cuttoli, née Bordes, nous pouvons affirmer que l’art singulier d’Aubusson aurait fini de s’éteindre à l’ombre de sa réputation mondiale glorieuse mais poussiéreuse.
Dans les années 20, cette femme d’exception férue d’avant-gardisme, monte des ateliers de tapisserie à Aubusson et ouvre à Paris une boutique de mode et de décoration Myrbor : MYR(iam) BOR(des).
En 1928 elle se consacre à la relance de la tapisserie d’Aubusson. Elle commande des cartons à Georges Braque, Fernand Léger, Joan Miró, Pablo Picasso qu’elle transforme en chefs-d’œuvre textile et invite les autres artistes de l’avant-garde de l’époque, Raoul Dufy, Le Corbusier, Jean Lurçat, Henri Matisse à suivre le mouvement.
Laurent Bouro, La Forêt Magique - 2008
Prônant le dialogue entre l’art pictural et appliqué, Marie organise des tournées dans diverses capitales du monde où elle expose et vend ses tapisseries.
Depuis, loin des idées reçues, la tapisserie d’Aubusson se renouvelle dans des créations contemporaines qui habillent les murs des plus grandes institutions mais également décorent l’intérieur de particuliers amoureux d’art.
Afin de prolonger ce renouveau, l’Atelier des Basses Lisses détient un catalogue d’expertise unique, composé d’artistes aux sensibilités multiples et aux expressions variées qui transporte tous ceux qui le découvre.
MUTUALISER LES SAVOIR-FAIRE
Le Corbusier, Marie Cuttoli, tissé à Aubusson, 1936.
©Fondation Le Corbusier/ADAGP
Sur un territoire de tradition et d’excellence, blotti entre Felletin "Berceau" et Aubusson "Capitale mondiale" de la tapisserie, cet art, classé au patrimoine mondial immatériel de l’Unesco depuis 2009, se perpétue depuis des siècles.
L’Atelier des Basses Lisses mutualise toutes les compétences des artisans cartonniers, teinturiers, ourdisseurs, lissiers, couseuses ainsi que tous les savoir-faire transmis de génération en génération pour la création de ces œuvres entièrement tissée à la main.
Aujourd’hui, l’image surannée des compositions du XVe siècle, Dames à la licorne et autres chefs-d’œuvre des débuts de la Renaissance française, a vécu. La tapisserie est un mode d’expression plein et entier plébiscité par les plus grands décorateurs et artistes renommés depuis les premières années du XXe siècle.
LA CONFECTION
Contempler une tapisserie ne dit jamais rien des mois, voire des années de travail qu’elle a nécessité. Mêlé à la noblesse des matières utilisées, le temps long de sa réalisation fait de la chose une œuvre rare et précieuse.
LE CARTON :
Il s’agit à l’origine, d’une œuvre dessinée ou peinte, redimensionné aux mesures de la tapisserie souhaitée. Cette maquette numérotée est réalisée en effet miroir et épinglée sous les fils de chaîne, elle guidera le lissier.
LES LAINES :
Elles sont teintes selon la technique de la trichromie visuelle. Véritable alchimiste, le teinturier prépare toutes ses teintes en mélangeant petit à petit des pigments en poudre des trois couleurs primaires: le bleu, le jaune et le rouge, sans aucun outil de mesure.
LE TISSAGE :
Sur un métier de basse lisse, le lissier travaille à l’aveugle sur l’envers de la tapisserie, s’appuyant sur la partition numérotée ou colorée du carton et s’aidant de temps à autre d’un miroir qu’il glisse sous les fils de chaîne afin de vérifier éventuellement un point de détail. La tapisserie s’enroule au fur et à mesure de sa progression et ne révèle son mystère qu’à la tombée de métier après la coupe des fils de chaîne.
LES FINITIONS :
La couture des ourlets; la fermeture des relais, (reprises de tissage entre deux couleurs); la fixation du Bolduc au dos de la tapisserie.
L’œuvre s’accompagne d’un certificat d’authenticité, numéroté et signé par l’artiste.
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